Anoures
Développement des anoures
Les anoures (=amphibiens sans queue à l'âge adulte) sont représentés en Belgique par les grenouilles et les crapauds au sens large. Chez ces animaux, la fécondation est externe : les mâles quittent les premiers, vers la fin de l'hiver ou au printemps, leur lieu d'hivernage, et se rassemblent dans les mares et les étangs où ils chantent, le plus souvent de nuit. Le chant, qui sert à y attirer les femelles de la même espèce, est amplifié par des sacs vocaux externes. Lors de l'accouplement, au cours duquel le mâle chevauche la femelle, les ufs, pondus par la femelle en masses (plusieurs milliers d'ufs chez les grenouilles) ou en cordons gélatineux (chez les crapauds), sont fécondés dans l'eau par le sperme émis par le mâle. Ces amas d'ufs deviennent volumineux lorsque, après la ponte, la masse gélatineuse qui les enrobe gonfle dans l'eau. Cette enveloppe gélatineuse protège les ufs contre les coups et la dessiccation, et conserve, la nuit, la chaleur solaire captée le jour par les ufs foncés des espèces précoces.
La larve, qui se nourrit d'algues, développe dès l'éclosion trois paires de branchies ramifiées externes. Elles font rapidement place, chez le têtard, à des branchies internes, recouvertes et cachées par un opercule de peau. Ces replis de peau se soudent ensuite ventralement et délimitent dès lors, autour du corps, une cavité ouverte par un seul orifice s'ouvrant généralement à gauche: le spiracle. L'eau de respiration est aspirée par la bouche, apporte l'oxygène aux branchies et sort par le spiracle. Les pattes postérieures apparaissent d'abord, à la base de la queue, puis les pattes antérieures, cachées sous l'opercule, deviennent visibles par digestion de la peau qui les cachait. C'est aussi par digestion que la queue est enfin résorbée, ce qui permet au têtard aquatique qui se métamorphose en petite grenouille terrestre insectivore, de jeûner durant quelques jours. Cette double vie, aquatique puis terrestre, est à l'origine du terme « amphibien » (du grec «amfi» = «double» et « bios» = «vie»).
Le sonneur à pieds épais Bombina variegata (Linnaeus, 1758)
Le sonneur à pieds épais (ou sonneur à ventre jaune) est une espèce éteinte en Belgique, où elle atteignait sa limite de distribution nord-occidentale. C'est un petit crapaud (5 cm de long) fréquentant les fossés forestiers et les flaques d'eau temporaires, où il se dissimule aisément dans la vase. On le reconnaît à la forme en cur de carte à jouer de la pupille (photo), et surtout à la face ventrale jaune orangé, une coloration aposématique qu'il arbore en relevant les pattes ou en se retournant, ventre en l'air, lorsqu'il est inquiété. Le sonneur à ventre de feu Bombina bombina (= Bombinator igneus) est une espèce voisine d'Europe centrale qui n'a jamais été rencontrée en Belgique à l'état sauvage.
Sonneur à pieds épais Bombina variegata, Discoglossidae, Anoures (Diapositive originale réalisée par Eric Walravens).
L'alyte ou crapaud accoucheur Alytes obstetricans (Laurenti, 1768)
L'alyte est le seul amphibien belge à ne pondre ni féconder ses ufs dans l'eau. Le mâle de ce petit crapaud trapu (5,5 cm de long) à la pupille verticale, brun ou grisâtre ponctué de vert et/ou de rouille (photos de gauche), féconde les ufs lors de la ponte, dans sa propre urine. Il enroule le cordon d'ufs autour des pattes postérieures (photo en haut à droite) et les conserve ainsi dans son gîte humide. Il se rend parfois à l'eau, et c'est au cours d'une de ces baignades que les ufs libèrent les têtards. Ces derniers atteignent, avant la métamorphose (photos en bas à droite), la taille remarquable de 8 cm de long. Le chant nocturne de l'alyte est une succession de notes flûtées aiguës répétées toutes les 3 secondes.
Alyte accoucheur Alytes obstetricans, Discoglossidae, Anoure mâle portant ses ufs (Hamois, Condroz, Province de Namur, Belgique - 18/07/1999 - Diapositive originale réalisée par Eric Walravens).
Alyte accoucheur Alytes obstetricans, Discoglossidae, Anoures (Diapositives originales réalisées par Eric Walravens).
Le discoglosse sarde Discoglossus sardus Tschudi, 1837
Le discoglosse sarde est une petite espèce (5-7 cm maximum) au museau long, pointu et incurvé vers le bas entre l'il et la narine. Sa robe est brunâtre avec des marbrures ou des taches irrégulières sombres. Il vit dans diverses îles tyrrhéniennes, en Sardaigne, en Corse et dans les îles d'Hyères occidentales (Port-Cros et île du Levant).
Le discoglosse sarde Discoglossus sardus (longueur 35 mm) (Barrage de la Solitude, Ile de Port-Cros, France - 22/07/2003 - Diapositive originale réalisée par Eric Walravens).
Pélobate brun Pelobates fuscus (Laurenti, 1768)
Pélobate brun Pelobates fuscus, Pelobatiae, Anoure, Amphibien, Vertébré, Chordé (Parc national de Hortobagy, Hongrie - 12/08/2006 - Diapositive originale réalisée par Eric Walravens).
Pélobate cultripède Pelobates cultripes (Cuvier, 1829)
Pélobate cultripède Pelobates cultripes, Pelobatiae, Anoure, Amphibien, Vertébré, Chordé (Mirador de la Bascula, Parc de Monfragüe, Estremadure, Espagne - 23/04/1992 - Diapositive originale réalisée par Eric Walravens).
Pélodyte ponctué, crapaud persillé Pelodytes punctatus (Daudin, 1802)
Pélodyte ponctué, crapaud persillé Pelodytes punctatus, Pelobatidae, Anoures, Amphibiens (Saint Agnant-sous-les-Côtes, Département de la Meuse, Région de Lorraine, France - 01/05/1986 - Diapositive originale réalisée par Eric Walravens).
Le crapaud commun Bufo bufo (Linnaeus, 1758)
Les crapauds du genre Bufo sont de gros amphibiens reconnaissables aux pupilles horizontales, à la peau rendue très verruqueuse par les nombreuses glandes granuleuses qui y sont implantées, et aux glandes parotoïdes volumineuses situées derrière les yeux (photo en haut à droite). Toutes ces glandes sécrètent une substance laiteuse et irritante lorsque l'animal est maltraité, ce qui le protège en partie contre les prédateurs. Les crapauds marchent et ne bondissent pas ; les mâles, bien plus petits que les femelles, se dressent fréquemment (photo au milieu à droite). Au début du mois de mars, les crapauds communs quittent les bois où ils ont hiberné, et gagnent les étangs pour s'y reproduire. L'accouplement axillaire peut débuter lors de cette migration (photo en haut à gauche). Les ufs sont pondus en longs cordons doubles gélatineux (photo en bas à gauche). Les jeunes crapauds communs présentent des verrues rousses durant quelques années (photo en bas à droite) ; ils se reproduisent vers l'âge de trois ans. Le crapaud commun se nourrit de divers invertébrés, dont les limaces ; c'est donc un auxiliaire très utile du jardinier.
Crapaud commun Bufo bufo, Bufonidae, Anoures (Diapositives originales réalisées par Eric Walravens).
Dans le sud de la France, la sous-espèce spinosus est remarquable par sa grande taille et sa livrée marbrée beige et rousse.
Crapaud commun Bufo bufo spinosus, Bufonidae, Anoures (Alzon, Département du Gard, Région de Languedoc -Roussillon, France - 25/07/2009 - Photographie originale réalisée par Eric Walravens).
Le crapaud calamite Bufo calamita Laurenti, 1768
Encore appelé crapaud des joncs, l'espèce est reconnaissable à l'iris jaune (et non orange comme chez le crapaud commun), à la livrée marbrée et à la fine ligne jaune qui parcourt l'échine dorsale. Il gîte le jour dans les galeries qu'il creuse dans les terrains sablonneux, marche rapidement, et s'enfonce dans le sable s'il est menacé. Il grimpe agilement mais c'est un piètre nageur. C'est durant les nuits des mois de mai et juin, époque de la reproduction, qu'on peut l'entendre chanter : le mâle amplifie son coassement répété de crécelle grâce à un sac vocal qu'il gonfle sous la gorge (photo).
Crapaud calamite Bufo calamita, Bufonidae, Anoures (Diapositive originale réalisée par Eric Walravens).
Crapaud calamite Bufo calamita, Bufonidae, Anoures (Romedenne, Famenne, Belgique - 28/05/1989 - Diapositive originale réalisée par Eric Walravens )
La rainette arboricole ou rainette verte Hyla arborea (Linnaeus, 1758)
La rainette arboricole est une toute petite grenouille, atteignant 5 cm de long, de couleur vert pomme, parfois jaunâtre ou brunâtre. Le ventre est blanc et les flancs sont soulignés d'une bande gris-noir s'étendant jusqu'à l'il et la narine. La rainette est le seul amphibien arboricole de Belgique, habitant les mares et les étangs ensoleillés et bordés de roseaux ou de buissons. Ses doigts et orteils sont terminés par des disques adhésifs, ce qui lui permet de grimper aux roseaux et arbustes où elle se perche volontiers de jour. L'espèce est active la nuit, et c'est alors que le mâle chante: il dilate sa gorge en un volumineux sac vocal jaunâtre qui sert de caisse de résonance au chant. La rainette est excessivement rare et menacée de disparition en Belgique.
Rainette arboricole Hyla arborea, Hylidae, Anoures (Diapositives originales réalisées par Eric Walravens).
La rainette méridionale Hyla meridionalis Boettger, 1874
Rainette méridionale chantant Hyla meridionalis, Hylidae, Anoures (Bréau et Salagosse, Cévennes, France - 11/06/1988 - Diapositive originale réalisée par Eric Walravens).
Rainette méridionale juvénile Hyla meridionalis, Hylidae, Anoures (Blandas, Département du Gard, Région de Languedoc -Roussillon, France - 30/07/2009 - Photographie originale réalisée par Eric Walravens). Les jeunes exemplaires présentent une bande foncée sur les flancs.
Rainette méridionale juvénile Hyla meridionalis, Hylidae, Anoures (Blandas, Département du Gard, Région de Languedoc -Roussillon, France - 30/07/2009 - Photographie originale réalisée par Eric Walravens). Les jeunes exemplaires présentent une bande foncée sur les flancs.
La rainette sarde Hyla sarda De Betta, 1857
Rainette sarde Hyla sarda, Hylidae, Anoures (Ghisonaccia, Corse, France - 08/04/2002 - Diapositive originale réalisée par Eric Walravens).
La grenouille rousse Rana temporaria (Linnaeus, 1758)
Comme chez tous les amphibiens, la peau des grenouilles comporte de nombreuses petites glandes, répandues sur tout le corps et qui sécrètent un mucus protégeant la peau contre la dessiccation. Mais, contrairement aux crapauds, la peau des grenouilles est lisse, mis à part des bourrelets glandulaires latéraux peu saillants. On distingue aussi les grenouilles des crapauds par le fait qu'elles bondissent alors que les crapauds marchent. Le nom scientifique (latin) de la grenouille rousse signifie qu'elle n'apparaît que temporairement : en effet, et contrairement à la grenouille verte qui reste tout l'été aux abords de l'eau, la grenouille rousse ne s'y rencontre que le temps de la reproduction, au début du printemps, voire dès février, et le gel peut détruire les premières pontes. Les femelles quittent les étangs dès après la ponte, tandis que les mâles y demeurent quelques jours et peuvent s'accoupler plusieurs fois. La robe de la grenouille rousse varie à l'infini, mais on distingue cette espèce de la grenouille verte par la présence d'une tache temporale (derrière l'il) bien délimitée et souvent foncée (sauf sur la photo en bas à gauche), et l'absence d'une ligne claire au milieu du dos.
Grenouille rousse Rana temporaria, Ranidae, Anoures (Diapositives originales réalisées par Eric Walravens).
La grenouille verte Rana esculenta (Linnaeus, 1758) et la petite grenouille verte Rana lessonae (Camerano, 1882)
On rencontre en Belgique et à l'état sauvage deux espèces très proches de grenouilles vertes, dont la distinction requiert un spécialiste. Il s'agit d'espèces plus aquatiques que la grenouille rousse, restant à l'eau tout l'été et hibernant dans la vase du fond des mares et des étangs. Bien adaptées à ce milieu, elles ont les yeux plus rapprochés et seuls ceux-ci émergent avec les narines lorsque l'animal est à l'eau. La robe des grenouilles vertes est généralement verte et tachetée de noir (photo en haut à gauche), parfois jaunâtre et immaculée (photo en haut à droite), parfois brunâtre (photo en bas à gauche), mais il y a presque toujours une ligne jaune ou vert clair qui court au milieu du dos. On ne rencontre que rarement des individus présentant une tache temporale foncée comme chez la grenouille rousse (photo en bas à droite).
Grenouille verte Rana esculenta et Petite grenouille verte Rana lessonae, Ranidae, Anoures (Diapositives originales réalisées par Eric Walravens).