Urodèles

Développement des urodèles: l'exemple des tritons

Les urodèles (= amphibiens conservant leur queue à l'âge adulte) sont représentés en Belgique par la salamandre terrestre et quatre espèces de tritons. Chez ces animaux, la fécondation est interne : un spermatophore (= petit sac contenant les spermatozoïdes) déposé par le mâle est aspiré par le cloaque de la femelle. Les tritons femelles déposent leurs œufs fécondés isolément, parfois par deux ou trois, sur une feuille de plante aquatique qu'elles replient. Les larves développent des branchies ramifiées qui demeurent visibles jusqu'à la métamorphose, ainsi que deux paires de pattes.

Salamandridae

Salamandre terrestre (ou tachetée) Salamandra salamandra Linnaeus, 1758

Fréquentant les forêts de feuillus, principalement de hêtres, la salamandre terrestre ne se rencontre généralement que de nuit, surtout pendant et après la pluie, au printemps près des sources et ruisselets, et en automne lorsque les animaux s'accouplent. Sa coloration noire et jaune est aposématique: elle prévient les prédateurs de la toxicité des sécrétions cutanées. En cas de danger, un liquide laiteux très irritant suinte des orifices des glandes parotoïdes situées derrière les yeux (photo en bas à droite). L'espèce est ovovivipare: les larves se libèrent de leur enveloppe lorsque la femelle les dépose dans un ruisselet forestier, souvent près d'une source. La larve aquatique (photo en bas à gauche) est pourvue de branchies externes et se reconnaît aux taches claires à la base de chaque patte.

Salamandre terrestre Salamandra salamandra, Salamandridae, Urodèles (Diapositives originales réalisées par Eric Walravens).

Triton alpestre Triturus alpestris (Laurenti, 1768)

Malgré son nom, le triton alpestre (8 à 12 cm de long) vit tant en Ardennes qu'en plaine. Il fréquente de nombreux habitats, des ornières forestières aux bassins de jardins et aux étangs. A terre, on le rencontre sous les tas de pierres. On reconnaît aisément l'espèce à la coloration orange vif et sans tache de la face ventrale (photo de gauche); ce signal aposématique est ostensiblement montré lorsque l'animal se sent menacé (deuxième photo ci-dessous). En livrée nuptiale, le mâle (photo en haut à droite) a le dos bleu cendré surmonté d'une fine crête blanche et noire, et les flancs blancs ponctués de noir et soulignés de bleu clair. La femelle (photo en bas à droite) est marbrée, assez foncée.

Triton alpestre Triturus alpestris, Salamandridae, Urodèles (Diapositives originales réalisées par Eric Walravens).

Triton alpestre Triturus alpestris, Salamandridae, Urodèles montrant ostensiblement son ventre orange lorsqu'il se sent menacé (Diapositive originale réalisée par Eric Walravens).

Triton ponctué (ou lobé, ou vulgaire) Triturus vulgaris (Linnaeus, 1758)

Les tritons se distinguent de la salamandre par leur queue comprimée latéralement, utilisée comme une godille pour nager, et par leurs mœurs aquatiques durant la bonne saison. Le triton ponctué (8 à 11 cm de long) se reproduit en eau calme et ensoleillée, souvent peu profonde. Il aime les mares riches en végétation et les fossés. C'est une espèce des plaines et des collines. Le mâle en parure nuptiale (photo du bas) est brun ponctué; le dos et la queue sont surmontés d'une crête ondulée, les doigts des pattes postérieures pourvus de palmes lobées, le dessous de la queue orangé parcouru d'une bande bleuâtre. La femelle (photo de gauche) et le jeune (photo de droite) sont brun jaunâtre, avec, comme chez le mâle, le ventre et la gorge ponctués.

Triton ponctué Triturus vulgaris, Salamandridae, Urodèles (Diapositives originales réalisées par Eric Walravens).

Triton palmé (ou helvétique) Triturus helveticus (Razoumowsky, 1789)

Le triton palmé est le plus petit triton de Belgique: il mesure de 7 à 9 cm de long. Le mâle en parure nuptiale (photo du haut) présente une crête basse, des palmures sombres aux pattes postérieures et un fin filament foncé au bout de la queue. La femelle (photo de droite) et le jeune sont brun jaunâtre. En toutes saisons, les deux sexes ont le ventre pâle et très faiblement ponctué, mais la gorge nacrée immaculée (photo de gauche) contrairement au triton ponctué. L'espèce fréquente les ornières forestières, mais aussi les mares plus profondes et les anciens lavoirs, dans ou à proximité des zones boisées. On rencontre fréquemment le triton palmé en Haute Belgique, plus rarement en plaine.

Triton palmé Triturus helveticus, Salamandridae, Urodèles (Diapositives originales réalisées par Eric Walravens).

Triton crêté Triturus cristatus (Laurenti, 1768)

Le triton crêté est le plus grand triton de Belgique (jusqu'à 18 cm de long). On l'identifie au dos noirâtre, aux flancs finement ponctués de blanc et à la face ventrale jaune orangé présentant de grosses taches noires (photo de gauche). Le mâle en parure nuptiale (photo du haut) développe une haute crête dorsale découpée qui lui a valu son nom. Sa queue est traversée d'une bande blanc nacré. La femelle (photo de droite) n'a pas de crête, mais une ligne vertébrale jaune. L'espèce habite surtout les mares profondes, ensoleillées et riches en végétation aquatique. Sa distribution, en plaine et dans les vallées, exclut les Ardennes.

Triton crêté Triturus cristatus, Salamandridae, Urodèles (Diapositives originales réalisées par Eric Walravens).